Faire renaître le vignoble d’Île-de-France, Pierric Petit n’est pas le premier à s’être attelé à la tâche mais il est certainement le plus ambitieux que nous ayons rencontré ces dernières années.
Né à Maisons-Laffitte dans les Yvelines, Pierric Petit s’est consacré toute sa vie à la menuiserie. Mais au fil du temps, diriger une entreprise, des salariés, l’éloignait de sa passion première, travailler le bois. Il avait envie de revenir aux tâches manuelles.
L’homme aimait le vin. Pourquoi, alors, ne pas se diriger vers la vigne ? Première étape à Gevrey-Chambertin en 2010 où il alla toquer chez Jean-Louis Trapet : « Je ne suis pas fainéant, je vous mets à disposition mes deux bras et en échange, vous m’apprenez le métier ». Réponse du vigneron de Gevrey : « Banco ! ».
Premier millésime à 57 ans
À la même période, il apprend la dégustation géo-sensorielle auprès de Jacky Rigaux, décroche le diplôme de technicien en œnologie. L’expérience acquise en travaillant par ailleurs chez AMI, un négoce bourguignon de vins “nature”, va lui permettre d’y voir plus clair sur la manière de faire ses futurs vins.
Jusque-là, une reconversion assez classique. Sauf que Pierric Petit et son épouse Maura ne partent pas dans la Vallée de la Loire, en Languedoc ou dans le Sud-Ouest planter leur vignoble en 2019 mais… en Seine-et-Marne ! À Chelles, à quinze minutes en train de la gare de l’Est, au milieu d’une terre vierge de cent hectares. Un domaine qu’ils nomment les Coteaux du Montguichet.
Un projet folklorique ? Pas du tout ! Il incarne bien plus qu’une simple curiosité viticole. Et Pierric a des idées précises. Que planter sur les marnes calcaires et les gypses ? Selon les analyses des sols conduites avec le microbiologiste Emmanuel Bourguignon, ce sera chardonnay, pinot noir, pinot gris (fromenteau), sauvignon, une moitié en sélection massale, l’autre en clonales, avec des essais de plusieurs porte-greffes. Puis, ce sera la mondeuse et, en 2025, une complantation de cépages blancs en foule à haute densité. Le tout cultivé en bio. Passionnant.
Et les vins ? À 57 ans, Pierric signe son premier millésime en 2021, année de gel et de mildiou. Les cuvées sont soignées, finement élevées, franches, digestes et d’une fraîcheur septentrionale. Seules 1 200 bouteilles ont été produites. Avec 15 000 flacons, 2022 a été plus généreux. Le vignoble va passer de six à dix hectares ces prochaines années. Pas de doute, le renouveau du vignoble francilien se joue ici.
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